Contexte

Le programme scientifique sur la Sélune s’inscrit dans un contexte plus large. Localement, il dépend tout d’abord de l’évolution des travaux sur les barrages de la Sélune. A l’international, il s’intègre dans une dynamique autour de la restauration de la continuité des cours d’eau, et du besoin d’en comprendre les mécanismes.

La Sélune et ses barrages…

La Sélune est un des quatre fleuves côtiers de la baie du Mont Saint Michel (Normandie) avec la Sée, le Couesnon et la Sienne. Ce fleuve prend sa source à Saint-Cyr-du-Bailleul et s’écoule sur une distance de 91 km jusqu’à la baie du Mont Saint Michel où elle partage un estuaire commun avec la Sée. Son bassin versant couvre 1040 km² et s’étend sur 3 départements : La Manche, L’Ille-et-Vilaine et la Mayenne. Ses affluents principaux sont l’Airon, le Lair, le Beuvron, La Cance, La Gueuche, l’Argonce et l’Oir.

Bassin versant de la Sélune (réalisé à l’aide du portail cartographique, de SISelune)

Les barrages et leurs effets sur les cours d’eau

Par rupture des continuités écologiques, les barrages sont à l’origine de modifications significatives du régime hydrologique, de la température de l’eau et des flux biologiques et biogéochimiques. C’est le cas des deux grands barrages, le barrage de Vezins, et le barrage de la Roche qui Boit présents sur le cours principal de la Sélune, et d’autres plus petits obstacles qui fragmentent le bassin versant de la Sélune.

  • Sans aménagement, les barrages bloquent notamment le passage de nombreuses espèces de poissons migrateurs dans le bassin versant (seulement 25% du linéaire total de la vallée de la Sélune accessible avec les barrages). Ce blocage entraîne des perturbations importantes des cycles de vie et de reproduction de ces espèces de poissons migrateurs, dont certaines sont menacées d’extinction (comme par exemple l’anguille européenne ou encore le saumon atlantique).
  • Sur la Sélune, la présence des barrages a également entraîné la rétention d’une très grande quantité de sédiments, qui auraient dû être charriés jusqu’à l’embouchure du fleuve. Ce ralentissement du transport des sédiments qui se déposent au fond des lacs de retenue perturbe l’équilibre hydro-morphologique du fleuve et son état écologique.
Point infos barrages

La décision d’effacement des barrages de la Sélune

L’effacement des barrages de la Sélune a fait l’objet de nombreux débats politiques, écologiques et sociétaux initiés dès la décision, par l’Etat, de non-renouvellement des concessions des barrages à EDF en 2009. Cette décision faisait suite à une demande établie en 2007 par les élus de la CLE du SAGE. L’opération d’effacement a été finalement adoptée en 2017 pour débuter en 2019 et s’achever en 2021-2022. L’impact sur l’écologie locale, les nombreuses obligations réglementaires de mise aux normes, les problèmes de qualité d’eau engendrés, la faible productivité énergétique, et l’impossibilité technique d’aménager des passages pour rétablir la continuité du cours d’eau sont autant de raisons ayant conduit à cette décision d’effacement des barrages de la Sélune. Il s’agit d’une opération de restauration des continuités écologiques considérable. L’effacement des barrages permettra de reconnecter 60 km de la Sélune ainsi que l’ensemble de la partie amont de son bassin versant. Cela correspondrait à un linéaire total de 975 km si l’on considère les nombreux affluents du cours d’eau. 

Comprendre les mécanismes de restauration des cours d’eau

La nécessité d’un suivi scientifique complet, multidisciplinaire et exemplaire

Afin d’évaluer le succès de telles opérations en terme de restauration, les suivis scientifiques sont nécessaires. Une dynamique internationale sur cette problématique est en plein essor (pour en savoir plus, consultez le site du projet AMBER et les publications récentes de Duarte et al. 2021 et Habel et al. 2020). Les Etats-Unis ont mené la politique la plus active d’effacement de barrages jusqu’à présent. Cependant, un faible pourcentage de ces opérations a fait l’objet de suivis scientifiques, et la majorité de ces derniers ont concerné l’enlèvement de petits barrages (<15 m) (voir l’étude conduite par Bellmore et al. 2017 et Habel et al. 2020). En France, l’enlèvement de barrage n’a pas, jusqu’à présent, été véritablement documentée scientifiquement, alors que trois grands barrages ont été effacés entre 1996 et 1998 en Bretagne sur le Léguer et sur le bassin de Loire.

Dans le monde, quelques opérations de restauration font toutefois l’objet de suivis scientifiques. Mais encore trop peu d’entre elles ne prennent en compte la phase d’évaluation de l’état initial du système. La plupart des suivis se concentrent sur les phases d’effacement et de restauration. La connaissance de l’état initial est pourtant essentielle pour la compréhension des changements engendrés par l’opération de restauration et de leurs mécanismes à différentes échelles. En outre, la plupart des suivis scientifiques mis en place se concentrent sur un seul aspect de la restauration, qu’il soit biologique morphologique, paysager ou sociétal (en savoir plus : livret Sélune).

Le programme scientifique a pour ambition de combler ces lacunes, en proposant un suivi complet des différentes phases de l’opération de restauration, multidisciplinaire et exemplaire.

Naviguez sur notre site pour en savoir plus les objectifs du programme, son organisation, son fonctionnement, et les thématiques de recherche. Actuellement, plusieurs projets de recherche et un suivi par un observatoire spécifique au programme sont en cours. L’ensemble des données collectées dans le cadre du programme sont gérées et stockées dans SISélune, le système d’information du programme. Suivez également nos actualités !