Le risque invasif

Le risque invasif

Sur la Sélune, plusieurs espèces exotiques dites invasives sont présentes. Où sont-elles et comment vont-elle se disperser suite à l’effacement des barrages, et donc l’ouverture du passage ?

L'écrevisse signal

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Ecrevisse signal - photo: M.Poupelin © Maxime Poupelin

L’écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus) est présente depuis plusieurs années sur le bassin-versant de la Sélune. Au moins 4 espèces d’écrevisses sont présentes dans la vallée de la Sélune, dont l’espèce native d’écrevisses à pattes blanches (Austropotamobius pallipes). Seule l’écrevisse signal entre en concurrence directe avec cette dernière.

La distribution de l’écrevisse signal est suivie tous les ans sur l’ensemble du bassin versant afin de déterminer sa dispersion. Les suivis sont opérés par piégeage par nasse et par analyse d’ADN environnemental sur des échantillons d’eau. La dissémination de cette écrevisse exotique originaire d’Amérique du Nord et porteuse de la « peste de l’écrevisse » était entravée, jusqu’à présent, par la présence des barrages.

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La dispersion de l'écrevisse signal dans le bassin versant de la Sélune de 2013 à 2022 © Observatoire Sélune

Avec l’effacement des barrages, le front de colonisation de l’écrevisse signal sur le cours principal de la Sélune s’est déplacé vers l’aval. En 2022, ce front se situait au niveau de l’ancien barrage de Vezins. Les écrevisses signal sont également remontées sur plusieurs affluents. A l’automne 2023, aucune écrevisse n’a été capturée dans la retenue de la Roche Qui Boit, en aval de la station de Vezins, mais le risque d’une dispersion jusqu’aux limites de l’estuaire et sur l’ensemble du bassin versant est fort.

Cependant, cette dispersion pourrait être ralentie, par le retour de l’anguille européenne. L’anguille, dont le retour sur l’amont du bassin versant est fortement attendu suite à l’effacement des barrages, est un prédateur naturel de l’écrevisse. Sa présence devrait réguler les populations d’écrevisses. Les suivis de l’observatoire Sélune permettront de vérifier cette hypothèse dans les années à venir.

Le silure

Peu d’informations sont disponibles sur la distribution et l’abondance actuelle des silures (Silurus glanis) sur la Sélune. Néanmoins, les indices collectés ces dernières années tendent tous vers le même constat. Les silures représentaient près de 50% de la biomasse de la retenue de Vezins vidangée en 2018 (soit 6,5 tonnes) et de la retenue de La-Roche-Qui-Boit vidangée en 2022 (soit 2,2 tonnes). Ils sont observés régulièrement dans les parties basses de la Sélune depuis.

  • Signalés dès 2014 sur les chroniques hydroacoustiques enregistrées par la caméra acoustique à Ducey, la fréquentation du site par le silure semble s’être accentuée depuis 2019, avec des individus d’une taille encore jamais observée sur le site, allant jusqu’à 150 cm.
  • Depuis 2019, de nombreux individus de silures adultes de 80 à 150 cm ont été capturés par des pêcheurs à la ligne sur la partie basse de la Sélune.
  • Enfin, près d’une trentaine de jeunes silures, dont une majorité de juvéniles de l’année (ou 0+), ont été capturés lors d’inventaires scientifiques dans la rivière.

Le silure est un prédateur majeur pour les animaux aquatiques. Cette espèce n’est pas cataloguée comme invasive ou nuisible. Cependant, sa présence dans la Sélune constitue un frein potentiellement important au retour des poissons migrateurs et à la stabilité de l’écosystème.

Les espèces invasives végétales

La présence d’espèces exotiques végétales est faible dans la Sélune par rapport à d’autres rivières : seulement 29 espèces identifiées en 2019, soit 8% du total d’espèces présentes. De plus, leur dispersion est en régression sur plusieurs secteurs, contrôlée par la végétation native en place qui prend le dessus. Le risque invasif par des espèces végétales exotiques est donc faible pour le moment. En revanche, des interventions successives sur les communautés végétales en restauration (défrichage, fauche) peuvent relancer leur installation et leur propagation au détriment des espèces natives.